De nos jours, la technologie et internet se sont tellement développés que les adolescents, et parfois même les enfants, ont accès à des contenus sur les écrans qui, disons-le, ne sont pas adaptés à leur âge.
Aujourd’hui, on constate que 51 % des garçons de 12-13 ans regardent chaque mois des sites pornographiques et que 21 % des garçons de 10-11 ans font de même. Un mineur sur trois regarde du porno en 2023 contre un mineur sur cinq en 2018.
Soyons honnêtes, le bouton « J’ai bien plus de 18 ans » est d’une utilité profondément contestable. Quant au lcontrôle parental arrive toujours à être déjoué.
Ils ne devraient pas avoir accès à ces images et à ce type de contenu pornographique dès leur plus jeune âge, cela pouvant créer un idéalisme lié au sexe, à la sexualité, à la taille, aux positions, aux actions et aux femmes, qui se déconstruit très vite une fois adulte.
Néanmoins, c’est un sujet qui ne doit pas rester tabou dans la société et doit faire partie de l’éducation. Il faut accepter que les enfants et les adolescents, généralement des collégiens, soient confrontés à ce genre de contenu et à ces images sur les écrans et leur expliquer, tout simplement, ce que la pornographie représente.
Les défis de l’éducation et du dialogue autour de la pornographie
Pourquoi en discuter ?
On l’admet, l’exposition numérique de contenus pornographiques sur les écrans n’est pas un sujet particulièrement facile à aborder en tant que parent. C’est un peu comme la grande question « Qui va lui expliquer comment on fait les bébés ? » parce que l’histoire de la cigogne ou du chou est un peu limite .
Il est important de discuter des images pornographiques sur Internet avec vos enfants ou vos adolescents pour qu’ils comprennent. Et oui, on n’a jamais dit qu’être parent était facile.
- Ce n’est pas grave de regarder de la pornographie : Une fois adulte, c’est d’ailleurs quelque chose de plutôt positif qui nous permet de construire une sexualité plus épanouie et de prendre plus de plaisir. On peut parfois y trouver des idées pour sa vie de couple, une fois qu’on a acquis de l’expérience.
- C’est un métier : Et oui, il faut que votre enfant comprenne que c’est un travail. Ce sont des acteurs qui jouent un rôle, de la comédie. Les jeunes et les enfants ont besoin de savoir que ce n’est pas la réalité, tout comme au cinéma. Les acteurs sont rémunérés et ont une journée de travail comme tous les adultes.
- Les hommes et les femmes ne ressemblent pas aux idéaux du contenu pornographique sur les écrans : Non, tous les hommes n’ont pas un sexe démesuré et les femmes n’ont pas toutes de grosses poitrines. Étant donné qu’il s’agit d’acteurs, ils sont choisis pour leur physique qui représente une certaine image des hommes et des femmes.
Qui doit en parler ?
Finalement, ce serait le rôle de chacun de parler de cela à son ou ses enfants. L’éducation sexuelle dans les établissements scolaires reste très sommaire et elle est inexistante dans les établissements privés. Les professeurs d’éducation sexuelle peuvent aborder le sujet mais, pour être honnête, c’est pas gagné . Après tout, cela peut être n’importe qui : parent, frère, sœur, tante, oncle, grand-parent.
Il suffit simplement qu’il y ait une confiance mutuelle pour une discussion plus approfondie. Par exemple, c’est un sujet qui peut être sensible pour les parents, mais un oncle, une tante, un grand frère ou une grande sœur, plus proches en âge et ayant vécu les mêmes choses il y a peu de temps, seraient peut-être plus aptes à en parler. Généralement, les jeunes ont un lien plus fort avec eux. Ils représentent à la fois un adulte responsable qui peut gérer des situations de crise, mais également un enfant avec qui s’amuser. C’est le juste milieu idéal.
À quel âge parler de la pornographie à ses enfants ?
Finalement, il n’y a pas de norme fixe. C’est en fonction de la maturité de vos enfants. Vous allez très vite remarquer que certains vont rapidement être attirés par le sexe et la sexualité de manière générale, tandis que d’autres vont continuer à rester dans leur bulle enfantine.
Mais généralement, c’est vers 12 – 13 ans, période correspondant à l’entrée au collège, que vos enfants vont commencer à éveiller leurs hormones. Évidemment, ils veulent copier les plus grands, qui ont parfois déjà des relations sexuelles et aiment s’en vanter.
C’est aussi une période de leur vie où ils veulent comprendre leur corps et le découvrir plus amplement, et une vidéo ou une image pornographique à travers les écrans est le seul moyen qu’ils ont trouvé.
Comment parler de la pornographie a votre enfant ?
Soyez décontracté :
On évite les grands discours moralisateurs des parents, on discute tranquillement avec le jeune en face de nous. Pourquoi ne pas commencer par une phrase qui vous inclut également dans la discussion : « tu sais, moi à ton âge, je me posais beaucoup de questions sur le sexe, pas toi ? » Soyez conscient que l’enfant vous dira sûrement non, parce que parler de sexualité c’est gênant pour un enfant, mais continuez quand même ! « Par exemple, je regardais souvent des magazines ou des films » (en fonction de votre âge).
Ne blâmez pas votre adolescent :
Il est simplement en recherche de lui-même. Le gronder, lui interdire de regarder ou le punir de toute exposition aux écrans ne changera rien à la situation. Ils sont souvent plus malins que nous et trouveront le moyen d’en regarder. Avoir une discussion ouverte pourra au contraire lui faire comprendre que c’est ok. Et à cet âge, si c’est ok, c’est pas cool…
Ne faites pas de monologue et intégrez-vous dans la discussion :
Posez des questions : « qu’est-ce que tu en penses ? » « tu sais, moi aussi je pensais que ça ressemblerait à ça et puis finalement pas du tout. »
Parlez-lui comme à un adulte :
Les jeunes aiment se sentir écoutés et à égalité avec les adultes. Gardez à l’esprit qu’ils ne le sont pas, donc ne soyez pas trop trash, mais accompagnez-le à se sentir comme un adulte responsable.
Insistez sur le fait que c’est un travail :
C’est sûrement le point le plus important. À la fin, ils doivent avoir compris que c’est OK, ce n’est pas la fin du monde de regarder du contenu pornographique, mais c’est de la fiction, comme Harry Potter ou les films de super-héros. Ce n’est pas la vraie vie et ça ne se passera jamais comme ça. Un adolescent est tout à fait capable de le comprendre.
Les impacts de l’exposition à la pornographie sur les adolescents
Fausses représentations de la sexualité et influence du comportement sexuel
Vu par ces petits yeux innocents, vos enfants pourraient rapidement se faire une image déformée de la vie sexuelle adulte. Une représentation irréaliste des corps et des actions pourrait les pousser à se sentir complexés et à attendre des choses irréalistes de la part de leurs partenaires. Certains pourraient aussi croire que certaines pratiques sexuelles, parfois dégradantes et irrespectueuses, sont acceptables.
Impacts sur la santé mentale et physique des adolescents
Si votre adolescent a une consommation excessive de porno, cela peut conduire à des problèmes de santé mentale tels que la dépendance, souvent accompagnée d’anxiété, de stress, de dépression et de problèmes d’estime de soi – bref, le combo ultime. Le sexe, c’est comme l’alcool ou la drogue, certains en deviennent dépendants. Cela est notamment dû aux hormones libérées pendant un acte sexuel qui apportent une dose d’endorphines, très agréable pour l’Homme. Si vous constatez une dépendance chez votre enfant, parlez-en à votre médecin traitant ou à un professionnel de santé.
En ce qui concerne la santé physique, on est confronté à d’autres problèmes. Dans les films pornographiques, les rapports se font souvent sans protection. Mais ce que les jeunes ne savent pas, c’est que les acteurs sont testés contre les maladies sexuellement transmissibles. Il ne faudrait pas que votre enfant ait envie de reproduire ce qu’il voit et ne se protège pas. Les conséquences pourraient être bien plus graves avec un virus comme le sida, qui pour l’instant, n’a pas de remède.
Impacts sur l’image de soi et des autres
La pornographie donne une image déformée des corps et de la réalité, elle concerne une minorité de personnes. Les femmes y sont souvent refaites avec des faux seins et les hommes ont souvent des sexes disproportionnés. Comme pour les réseaux sociaux, l’idéalisation du corps peut provoquer des troubles du comportement alimentaire, principalement chez les filles aux alentours de 15-16 ans. Les films porno, souvent réalisés par des hommes, font perdurer le patriarcat avec des attentes très sexistes envers les femmes. Heureusement, les films porno féministes viennent perturber cette industrie, mais pas suffisamment pour le moment.
Il faut faire comprendre à votre enfant qu’un film ou des images pornographiques se regardent avec du recul, de la maturité et de l’expérience.
N’hésitez pas à encourager votre enfant à en discuter avec vous. N’en faites pas un sujet tabou.
S’il a envie de vous demander si une scène qu’il a vue est réalisable ou possible, expliquez-lui. Ne l’induisez jamais en erreur, votre enfant le saura. Les mots clés sont confiance et dialogue. En faisant cela, vous créez un petit humain sans complexe, sûr de lui, qui aura une pleine conscience et confiance en ses actions. Il ou elle se sentira protégé(e) et aimé(e) quoi qu’il/elle fasse.